jeudi 28 février 2008

De l'art moderne ou va falloir qu'on m'explique...

Que je mette les choses à plat tout de suite : j'aime l'art moderne. Je ne suis pas de celles qui vont voir des expos conceptuelles pour s'empresser de cracher dessus ensuite. Non, non, j'ai un vrai intérêt pour la chose, de la curiosité si ce n'est pas de la sensibilité. Seulement voilà, il y a moderne et trop moderne, conceptuel et perplextuel (c'est de l'art moderne, moi j'invente des mots si je veux !!).

La nouvelle exposition qui fait fureur au Palais de Tokyo est du deuxième genre, trop moderne et perplextuelle. Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé parce que je n'ai pas compris et qu'il est finalement assez difficile de se faire une opinion sur ce qui nous échappe.

Il s'agit de l'exposition Cellar Door de Loris Greaud, jeune prodige de l'art contemporain français, prodige double donc : il a moins de 30 ans et il permet de hurler des Cocorico fracassants dans un domaine où cela n'était jusqu'alors pas de mise.


On nous annonce Cellar Door comme "une proposition artistique inédite": un "gigantesque organisme généré par une partition distendue dans l’ espace et le temps". Rien que ça !! Cellar Door est donc l'oeuvre d'un artiste polyvalent, que dis-je, transdisciplinaire : vidéo, peinture, son... tout est présent dans ce studio où chaque œuvre est une bulle, dont la légende est présentée par un pupitre, une partition et un dialogue entre une cantatrice, l'entracte et un spectateur... un dialogue où l'on peut lire "Once upon a door the future came before" qui est supposé nous plonger dans l'univers du conte, et plus précisément celui de Lewis Caroll, dont on est pourtant loin tant le monde de Gréaud est plus sombre.

"L’ exposition est une forme mutante, pilotée en temps réel par un studio et un ingénieur placé au coeur du dispositif, activant les oeuvres, produisant l’ habillage sonore, les accélérations et les retraits". On est donc plutôt dans une ambiance futuriste que dans la fantaisie des contes.

Seule l'œuvre de la forêt rappelle cette fantaisie, mais on pense plus à Tim Burton ou à Allan Edgar Poe qu'à Alice aux Pays des Merveilles.

Enfin, l'exposition du Plateau de 2005, Silence Goes Quickly When Played Backwards, est reconstituée :



Mais Cellar Door, c’est aussi un opéra, la bande-son de l’exposition est signée par Thomas Roussel et a été enregistrée par le Philharmonique de Radio France. C'est ce que l'on appelle une partition tonale, en cherchant bien, on retrouve l'influence de Fauré, Ravel, Bernard Herrmann, John Williams, ou encore Stravinski. Et quand je dis "on", je ne parle pas de moi, car là encore il faut être connaisseurs...

N'appelles-t-on pas cela simplement de la masturbation intellectuelle ?
Mais encore une fois, je ne juge pas ce que je ne comprend pas.

Plus d'infos ici ou
Quelques critiques : Libération Télérama
C'est où ?
Palais de Tokyo
13 avenue du Président Wilson
Paris 16
Métro Alma Marceau
C'est quand ?
jusqu'au 27 avril 2008
du mardi au dimanche
de midi à minuit
Tarifs :
tarif plein : 6.00 euros
tarif réduit : 4.50 euros/3.00 euros
Site :
www.palaisdetokyo.com/

lundi 11 février 2008

L'Enfer de la BNF

Aller voir cette exposition c'est un peu comme lire du Calaferte dans le métro... Sauf qu'il y a en moyenne plus de 800 visiteurs par jour, soit 800 personnes dans la même situation, on est pas seule dans la foule. Non on se presse, presque en troupeau, devant les livres rares du rayon Curiosa, les estampes japonaises, les films érotiques muets ou les photographies pornographiques qui composent la cote enfer de la BNF.

Inventé au début du XIXe siècle, l'Enfer de la Bibliothèque "
rassemble seulement les ouvrages que la morale réprouve, ceux que l’on dit contraires aux bonnes moeurs. Pas de livres politiquement ou religieusement dangereux. Rien que des livres qui peuvent mettre le feu aux joues. Rien que des images lascives et déshonnêtes. Prendre comme fil conducteur l’histoire et même la préhistoire de l’Enfer est le moyen le plus sûr d’entrer dans la littérature telle qu’on ne l’a pas apprise, de se perdre dans un monde imaginaire où les personnages obéissent à toutes les fantaisies du désir, d’accéder à l’excessif de la parole pamphlétaire, de s’engager dans le monde des éditeurs clandestins, de faire la part belle aux premières manifestations de la photographie, où l’obscénité n’est pas absente de présenter un ensemble d’estampes et de livres japonais entré à la Bibliothèque grâce à la générosité des premiers collectionneurs occidentaux (...). L’Enfer, c’est aussi l’occasion de se pencher sur quelques grandes figures qui marquent la littérature: Sade, Apollinaire, Louÿs, Bataille, Genet, Guyotat "* "qui en sont les acteurs à jamais anonymes de la célébration de l'érotisme et du sexe entre le XVIe et le XXe siècle"* et dont les textes "moralement répréhensibles"* sont peu connus.

Attention, l'exposition est interdite aux moins de 16 ans.

La scénographie de l'exposition est remarquable. Elle propose un double parcours.
  • L'un concerne l'histoire et serpente au centre de la salle : comment l'Enfer s'est-il constitué au département des Imprimés et au département des Estampes ? Quelle est son évolution ? Qu'y-a-t-il eu avant ? Qu'y a-t-il depuis ?
  • L'autre propose un aperçu, à travers les époques, du le contenu de l'Enfer : quels sont les livres, les documents, les images qui y ont été relégués ? Au delà des textes et des gravures libertines, une large place est offerte aux premières photographies pornographiques et aux estampes japonaises.
Ce parcours nous emmène dans un monde secret, un monde imaginaire où les personnages obéissent à leurs désirs. C'est le monde "de l'anonymat, du pseudonyme, des fausses adresses, des dates trompeuses, des éditeurs clandestins, des lieux clos, celui des couvents, des boudoirs, des bordels, des prisons mais aussi des bibliothèques"*. C'est un monde où il est agréable d'aller... et dont on ressort avec un tas d'envies de lectures.


C'est où ?

BNF, Site François Miterrand
Quai François-Mauriac
Paris 13
C'est quand ?
Jusqu'au 22 mars
du mardi au samedi
de 10 h à 19 h
et le dimanche
de 13 h à 19 h
Fermé le lundi
Tarifs :
tarif plein : 7.00 euros
tarif réduit : 5.00 euros
Site :
www.bnf.fr
*Extraits du catalogue

samedi 9 février 2008

Christian Lacroix, Histoires de Mode

Cela fait 20 ans que Christian Lacroix sévit sur les podium. Alors pour fêter ça, les Arts Déco l'ont invité à raconter la mode, à travers la sienne et celle des autres, du XVIIIe à nos jours, et ça donne Histoires de Mode.


L'exposition est colossale : 29 vitrines contenant jusqu'à 40 tenues... soit plus de 400 pièces dont 80 du couturier!! Celles de Lacroix sont exposés sur un mannequin créé pour l'occasion, les autres sur des portants telle une boutique de luxe. Choisis avec la méticulosité du conservateur de musée qu'il aurait voulu être, et selon des thèmes ou des techniques qu'il affectionne et qui ont ponctué l’histoire de la mode, il mets en regard ses propres créations et celles d'autres couturiers marquants connus (Poiret, Jeanne Lanvin, YSL, Christian Dior...) ou pas, créant un jeu d’échos et de croisements entre le présent et le passé. Il a imaginé une exposition où « des lieux, des époques qui n’avaient strictement rien à voir entre eux et qui, frottés comme un silex, font naître une étrangeté (étrange, étranger) d’actualité », organisant les pièces des collections du musée et de ses propres archives autours de thèmes et de motifs (blanc, noir, mixages, pois, fleurs, carreaux, rayures, tweed...).

Mais qui en parle mieux que lui ?

«Ce n’est pas une rétrospective mais mon regard sur les collections de costumes et de mode des Arts Décoratifs. J’ai sélectionné les pièces les plus inspirantes dont certaines n’ont jamais été montrées, pour raconter au mieux l’histoire de la mode tel un conservateur de musée, que j’aurais souhaité devenir.
Ces vingt ans de couture auront été une autre façon de raconter cette histoire, j’ai choisi les maillons forts parmi une sélection de modèles haute couture de la Maison Lacroix allant de 1987 à 2007. Réunis ensuite par thèmes, du blanc au noir en passant par la couleur, les fleurs, les graphismes, l’ethnique... je les ai associés à des pièces du musée, en allant peut-être jusqu’à mixer-centrifuger les périodes entre elles.
Nous garderons un esprit un peu clinique, non techno, tout simplement technique, un univers de portants, de cintres et de mannequins proches du quotidien, imaginés spécialement pour l’événement, un work in progress, puisque la mode ne s’arrête jamais.
Nous avons tout naturellement essayé d’en disséquer quelques aspects tels des arrêts sur image, entre «exposition» et «collection» en devenir - au sens de « fonds » d’un musée, de «compilation» de vêtements et de «présentation» de Couture.
Il s’agit de démonter/remonter les rouages du processus de création, choisir et assembler/télescoper les ingrédients, les données et les documents du patrimoine avec un regard d’aujourd’hui et le futur immédiat en perspective.»

Christian Lacroix. Mai 2007


C'est où ?
Musée des Arts Décoratifs 107 rue de Rivoli - 75001 Paris Tél. : 01 44 55 57 50 Métro : Palais-Royal, Pyramides ou Tuileries C'est quand ?
jusqu'au 20 avril 2008
du mardi au vendredi de 11h à 18h le jeudi de 11h à 21h le samedi et le dimanche de 10h à 18h Fermée le lundi. Tarifs :
Plein tarif : 8 € Tarif réduit : 6,50 € Site : http://www.lesartsdecoratifs.fr/

samedi 2 février 2008

Jean-Christophe Ballot et Shoji Ueda à la Mep

« Jean-Christophe Ballot
Urban Landscapes, de Berlin à Shangai »

J'ai toujours aimé la photo d'architecture... j'ai donc particulièrement aimés les portraits de ville de Jean-Christophe Ballot. La chambre, la rigueur, le jeu des lignes, des formes, des matières...

Chicago

Architecte de formation et de profession, le photographe Jean-Christophe Ballot travaille depuis plus de vingt ans sur le paysage urbain, en abordant la dimension scénique et symbolique de l'espace public, les tensions urbaines issues de la rencontre des masses architecturales. Il interroge la mémoire des lieux, révèle la théâtralité de l'architecture des villes.

Shangai

Paris, Berlin, Rome, Shangai, Chicago, New York... Jean-Christophe Ballot affrontes la dimension monumentale des architectures diverses des plus grandes villes du monde. Son regard ordonne l'espace, le construit, sans être jamais réducteur.

Paris





« Shoji Ueda, une ligne subtile »

Quatre Filles

Paysage de sable blanc, lumière violente, Shoji Ueda revient toujours, viscéralement, aux dunes de Sakaiminato tant elles l’inspirent, par leur capacité à se transformer en théâtre, il en fait d'ailleurs un studio naturel. Il les photographie à toutes les saisons, avec ou sans présences humaines. Je dis présence car ce sont comme des spectres ou des marionnettes dont il tirerait les ficelles... Il y crée un monde, un univers fictionnel avec ses compositions poétiques et étranges, et ses visions panoramiques surréelles pour ne pas dire surréalistes (on pense à Dali, à Tanguy mais aussi à Magritte).

Dans ce qu'il appelle son "théâtre des dunes", il orchestre des scènes où se mêlent famille et amis. En se jouant des perspectives, et en plaçant dans un même axe des sujets répartis sur plusieurs plans, avec une économie de moyens (les accessoires sont peu nombreux et simples : parapluie, chapeau...), il dresse le portrait poétique d'un Japon hors du temps.

Petits naufragés, 1950

Le blanc éblouissant du sable est presque saturé, ce qui est d'autant plus étonnant que Shoji Ueda photographie en noir et blanc. « Le monde en noir et blanc, explique-t-il, recèle quelque chose de mystérieux qui ne peut être décrit, et qui est formidablement séduisant. Est-ce faux de penser que cela touche nos coeurs d’autant plus fort que nous vivons à une époque où tout peut être photographié en couleur ? ».

Dunes, portrait de M. Sohji Yamakawa, 1984

L'expostion nous emmène dans son théâtre mais nous montre également les autres facettes de son travail. Les images sont légères et transportent la bonne humeur. Une découverte !

A voir également à la Mep :

Peter Knapp dont j'aime les concepts mais moins les images.

Stern, 1980

Edouard Boubat : rétrospective d'une des grandes figures de la photographie humaniste.

Lella, France, 1947

Réalités, un mensuel illustré des trentes glorieuses.

C'est où ?
Maison Européenne de la Photographie
5-7 rue de Fourcy, Paris 4
C'est quand ?
jusqu'au 30 mars 2008
Tous les jours de 11 heures à 20 heures,
sauf les lundis, mardis et jours fériés.
Tarifs :
Plein tarif : 6€
Tarif réduit : 3€
plus d'info sur le site : ici