mercredi 6 mai 2009

Controverses à la BNF

La dernière exposition photo de la BNF retrace l'histoire de la photographie à travers les controverses qu'elle a essuyé depuis sa création, à commencer par le conflit technique qui opposa Daguerre et Hippolyte Bayard.

Hippolyte Bayard, Autoportrait en noyé, 1840

au dos de l'image :
« Le cadavre du Monsieur que vous voyez ci-derrière est celui de M. Bayard, inventeur du procédé dont vous venez de voir, ou dont vous allez voir les merveilleux résultats. À ma connaissance, il y a à peu près trois ans que cet ingénieux et infatigable chercheur s’occupait de perfectionner son invention.
L’Académie, le Roi et tous ceux qui ont vu ses dessins que lui trouvait imparfaits, les ont admirés comme vous les admirez en ce moment. Cela lui a fait beaucoup d’honneur et ne lui a pas valu un liard. Le gouvernement, qui avait beaucoup trop donné à M. Daguerre, a dit ne pouvoir rien faire pour M. Bayard et le malheureux s’est noyé. Oh ! Instabilité des choses humaines ! Les artistes, les savants, les journaux se sont occupés de lui pendant longtemps et aujourd’hui qu’il y a plusieurs jours qu’il est exposé à la morgue, personne ne l’a encore reconnu, ni réclamé. Messieurs et Dames, passons à d’autres, de crainte que votre odorat ne soit affecté, car la tête du Monsieur et ses mains commencent à pourrir, comme vous pouvez le remarquer. »


L'exposition suit chronologiquement ces conflits allant des droits d'auteurs aux droits à l'image, traitant de la déonthologie ou de la bienséance... Si la chronologie est intéressante pour le début du siècle et les pemière législation, elle devient vite lassante et répétitive. L'exposition est dense, trop peut-être et mal agencée. On ne cesse de se heurter à la foule, et la visite est loin d'être confortable.

Lewis Caroll, Alice Liddell as a beggar child, 1859/Garry Gross, Untitled, Brooke Shield1975/Jock Sturges, Christina, Misty and Alisa, North California, 1989

On ressort de l'exposition en se dissant qu'elle aurait mieux fait d'être thématique, même si l'aspect financier des controverses auraient été le plus représenté.
Les thèmes du plagiat, de ce qu'on peut montrer ou non, de véracité historique mais aussi les photos d'enfants que se soient dans leur rapport à la nudité et au monde des adultes ou dans les photos de reportages de guerre suscitent l'intérêt général de manière assez systèmatique semble-t-il.

Frank Fournier, Omayra Sánchez, Armero, Colombie, 1985
Ce portrait d'une petite fille coincée danslesdébris d'un ecoulement de boue suite à une éruption volcanique fait partie de ces images qui anime la polémique du photojournalisme : porter assistance ou témoigner, peut-on montrer la souffrance sans porter atteinte à la dignité ?, ou est la limite entre l'information et le voyeurisme? ...

Les questions religieuses, notament catholique, aussi semblent être sensible auprès du grand public, comme en témoignent les images de Toscani ou de Serrano.

Andres Serrano, Piss Christ, 1987

On sort de là sans avoir appris grand chose ou peu. Mais on a un bon résumé des problèmes soulevés en matière de photographie...

mardi 5 mai 2009

Gursky au Musée d'Art Moderne de Stockholm

Dix ans de travail, 140 tirages... ça s'appelle une rétrospective. Celle de Gursky. Musée d'Art Moderne de Stockholm. 140 tirages c'est énorme. Surtout quand on connait Gursky et son amour du gigantisme. Sauf que pour faire tenir 140 tirages dans la salle d'exposition du Moderna Museet de Stockholm, la majorité d'entre eux sont en 30x40... et ça change tout.

Un bonheur tout de même...

Né en 1955 à Leipzig, Andreas Gursky a été formé successivement à la Folkswangschule d'Essen, école prestigieuse qui prône la créativité dans l'esprit du Bauhaus des années vingt, puis auprès de Bernd et Hilla Becher, les maîtres du réalisme photographique proche des théories de l'école de Düsseldorf, au sujet duquel il y avait eu une exposition au Musée d'Art Moderne de Paris.

Cette double influence se retrouve dans son approche photographique qui conjugue une réelle innovation pour chaque image à une simplicité dans les angles de vue, les plans, toujours très frontaux.

Gursky s'est d'autre part fait connaître par ses images très grands formats à l'une implacable définition. Gursky impose une sorte de dogme à ses images, les rendant impersonnelles, normalisées, et surtout désenchantées. Mais rien n'y est vraiment raconté. L'image, si elle bourdonne comme une ruche, reste cependant muette, sans émotions, comme un décor vide.

Ses photographies font partie de celles qui se vendent le plus cher : 99 Cent II Diptych (2001) a été adjugée 1 700 000 livres (3 346 456 dollars) dans une vente aux enchères en 2007.